Les frères Bonaparte à Autun
Joseph et Napoléon arrivèrent à Autun le 1er janvier 1779, conduit par leur père qui se rendait à Versailles comme député de la noblesse de Corse (réunie à la France en 1768) ; l’évêque d’Autun était alors Alexandre de Marbeuf, neveu du général de Marbeuf, chargé de l’administration de la Corse et du commandement des troupes, ce qui explique sans doute le choix d’Autun pour les frères Bonaparte. Napoléon ayant été admis à l’école militaire de Brienne quitta le collège d’Autun le 20 ou 21 avril 1779. Joseph y resta jusque fin août 1783. Ses maîtres, qui gardèrent le souvenir d’un Napoléon fier et impérieux, impliqué dans des bagarres, décrivirent un Joseph doux et tranquille, sérieux et appliqué. Trois ans de suite il reçut des « témoignages de satisfaction » lors de la remise des prix. Son jeune frère Lucien le rejoignit à la fin de 1782, et fut élève du collège vingt (ou vingt-deux) mois.
À cette époque il y avait au collège des classes de la sixième à la seconde, et des classes de rhétorique, de logique, et de physique, avec un laboratoire bien équipé ; d’après les exercices de fin d’année qui nous sont parvenus, les mathématiques, la littérature latine et la mythologie occupaient une large place. Pour leurs loisirs les élèves disposaient d’une maison de campagne à Saint-Blaise ; on jouait au billard ; on montait des pièces de théâtre : Joseph tint le rôle de Dorante dans Les Fâcheux en 1782.
Il garda des liens avec certains de ses professeurs ou condisciples, ce qui leur valut des postes intéressants : par exemple l’abbé Simon devint évêque de Grenoble. Lorsque Joseph fut roi d’Espagne, (de 1808 à 1813 dans un pays en guerre, après avoir été roi de Naples), certains anciens élèves du collège le suivirent et devinrent Grands d’Espagne, par exemple Hugues Nardon, sous-préfet d’Autun en 1802, puis administrateur de la province de Cuenca, ou Edme-Aimé Lucotte qui fut son aide de camp, et gouverneur de Séville…